La mort heureuse
d’Albert Camus

« Une histoire de crime qui se transforme en solution pour accéder au bonheur m’a toujours profondément troublé et intrigué. »
Richard Sammel

La mort heureuse
d’après le roman d’Albert Camus
avec Richard Sammel
Mise en scène & adaptation : Stéphane Olivié Bisson
Collaboration artistique : Jean-Claude Gallotta
Vidéo : Kristijonas Dirse

Résumé

Patrice Mersault, employé pauvre, fait la connaissance d’un riche infirme, Zagreus, que lui présente Marthe, leur maîtresse commune. Mersault tue Zagreus dans des circonstances qui l’assurent de l’impunité et s’empare de sa fortune. Il part en voyage, visite Prague et revient à Alger par Gênes. Là il vit heureux en compagnie de trois femmes dans « La Maison devant le monde ».
Il épouse une autre jeune femme, Lucienne, mais la renvoie bientôt. Il va s’installer seul dans le Chenoua, en pleine montagne, à quelques kilomètres des ruines romaines de Tipasa, dans une maison face à la mer. Il y tombe malade et meurt heureux dans une communion extatique avec la nature.

L’œuvre : Un roman comme une pièce de guerre

Remarquablement écrit pour un premier roman, La Mort Heureuse associe des passages purement imaginaires à d’autres où se mêlent nombre d’instantanés tirés de l’expérience personnelle et intime d’Albert Camus, et c’est souvent ce trouble autobiographique, cette confession presque impudique, qui nous emportent par la charge de vérité qui s’y trouve.
Rarement dans l’œuvre de Camus on trouve trace d’une telle exposition “à découvert” des questions et des fièvres physiques comme morales de l’auteur du Premier Homme. Albert Camus abandonna le manuscrit de ce premier roman après l’avoir achevé au profit de L’Étranger. La Mort Heureuse fut publiée de manière posthume à l’initiative de sa veuve Francine Camus en 1971. Camus rédigea cette première tentative de roman entre 1936 et 1938 parallèlement à son travail sur Noces et L’Envers et l’endroit. La Mort Heureuse s’articule en deux parties intitulés “Mort naturelle” et “La mort consciente”. Chaque partie se compose de cinq chapitres. C’est une œuvre brève : à peine une centaine de pages.
La critique a coutume de considérer cette œuvre comme la matrice de L’Étranger, presque un brouillon. La découverte et la lecture attentive du texte permettent de lui rendre immédiatement justice et d’écarter cette fausse réputation d’échec.

Intention de mise en scène : Du théâtre comme une errance

Le défi de ce spectacle est de réussir à composer une errance comme on écrirait une symphonie pour le plateau. Quantités de lieux se succèdent, une cascade d’êtres sont croisés et pourtant il n’y aura qu’un seul corps à se tenir devant vous sur les planches. Pour cela j’avais besoin d’un acteur multiforme, souple aussi bien techniquement que poétiquement, un acrobate du récit capable de nous suggérer en un geste, en une inflexion de voix l’impression que vous laisse un espace ou un visage. C’est tout naturellement à Richard Sammel que j’ai pensé, pour le fréquenter depuis de longues années et nourrir le désir d’une rencontre artistique depuis tant de temps.

Stéphane Olivié-Bisson

« La Mort Heureuse » est dans ma tête depuis que je l’ai lu pour la première fois, ce récit m’obsède. Et qu’une histoire de crime qui se transforme en solution pour accéder au bonheur m’a toujours profondément troublé et intrigué. J’en ai trouvé la raison dans cette capacité d’Albert Camus à donner des réponses à des questions que je n’étais pas même capable de formuler et que je n’osais pas poser. Un jeu éblouissant de questions-réponses d’une splendeur et d’une cruauté qui va bien au- delà du destin de Mersault et nous projette directement au cœur du mystère de l’être au monde. Ici, l’essentiel se trouve aussi entre les lignes, tout ce qui est essentiel flotte dans l’air, est extrêmement présent par la grâce simple de cette écriture, perceptible par la beauté impressionnante du style. Mon défi est de rendre une partie de cette essence sur scène, même un aperçu, une petite idée de ce que les mots de Camus sont capables de produire quand on s’y abandonne.

Richard Sammel